L'ancien français est, selon Jean-Paul Chauveau, une langue passablement
multiforme attestée par des textes écrits au cours du Moyen Age dans la
moitié nord de la France. Ce qui veut dire entre autre que dans l'ancien
français , il y a de l'ancien gallo.
Faire du gallo du vieux français conduit à le figer dans le passé. En
guise de preuves on cite des formes qui ont disparu de l'usage du
français et sont actuellement employées en Haute-Bretagne. Ainsi "orine"
commun aux deux langues a été remplacé en français moderne par "origine"
du latin (originem) lors de la relatinisation de la langue française à
la fin du Moyen-Age.
Est-ce à dire que le gallo n'a pas évolué? Le mot orine en gallo diffère
du mot en "vieux français". Il a fourni le verbe "oriner" tenir de, se
reproduire, pourvoir de . Le contraire existe "desoriner" dégénérer"
mais aussi fournir " etr ben oriné en ...". "S'oriner" c'est se munir de
. Une évolution s'est donc produite qui montre que le mot est resté
vivant. Citons également l'exemple du verbe chomer. Il est issu du bas
latin "caumare", dérivé du latin chrétien "cauma" (forte chaleur),
lui-même emprunté au grec. Il signifie " se reposer pendant la forte
chaleur", "rester immobile", "ne pas travailler". En français le sens
"être sans travail pour un salarié" apparaît au XIXe siècle (de même que
les termes chômé, chômable, chômage, chômeur). En gallo, il a les sens
de " être privé de, manquer", " lever"(le plus fréquent). Le verbe peut
être pronominal. Son participe substantivé " le comant" désigne le
squelette. Il se rencontre dans l'expression " êtr de chomant" (être
debout), " en chomant!" (debout). enfin le dérivé "chomète" désigne
l'appareil qui permettait aux jeunes enfants d'apprendre à marcher.
Ajoutons que le breton connaît le verbe "chom" au sens de demeurer. Ce
mot a donc bien une histoire propre en Bretagne.
Notons enfin que les gallésants ne se privent pas de fabriquer de
nouveaux mots. La saode beriouse est une traduction du saule pleureur.
Le pend-poche : l'objet auquel on suspend la louche. Le ghimentier
désigne le journaliste à partir du nom ghiment "information", et du
verbe ghimenter "informer". |